lundi 9 décembre 2024

ArtQ vous chouchoute #1*


 Mardi 16 octobre 2024


Un message de Flore Cherry, jeune et talentueuse journaliste, dynamique animatrice des Ecrits Polissons, qui me propose de me donner ses invitations pour la soirée ArtQ...Cela tombe bien, il y a longtemps que j'ai envie de découvrir ces soirées, qui concentrent tout ce que j'aime, en un mélange de sensualité et de littérature....

Je propose à mon amimoureux de m'accompagner, certaine qu'il est toujours prêt pour de nouvelles expériences....

La soirée a lieu au Secret, bar libertin parisien, dont je connais le propriétaire, Guillaume Charm le bien (sur)nommé depuis longtemps. Cela fait 4 longues années que je ne suis pas venue au Secret, mais Guillaume me reconnaît tout de suite et m'accueille chaleureusement.

Je retrouve une partie des complices des Ecrits Polissons, et quelques autres figures de connaissance.

Sacha Bel-Ami, spécialiste en forniphilie** et en enveloppements cellophanés, que je connais également depuis longtemps et qui s'est même dévoué une année pour me distraire à distance pendant les oraux (très ennuyeux) du bac,  propose ce soir un atelier de "fessée-percussions". Je suis toute prête à essayer, prem's de la soirée....Sur un rythme enlevé, je me retrouve djembé sous ses mains ; j'apprécie les variations de sa mélodie intérieure sur mes deux hémisphères, et c'est tout juste si ne ne mets pas à onduler pour mieux les suivre....C'est intense, c'est sensuel, et cela n'est pas sans me rappeler les martinets de mon cher Vintage, qui se sont souvent amusés à jouer le même genre de partition sur moi....Quand Sacha me demande comment c'était à la fin de la séance, je ne peux retenir un cri du coeur : "C'était la meilleure fessée que j'ai jamais reçue !"

Après cet échauffement, j'ai envie de passer à des activités plus littéraires...Cette fois, c'est Pierre-Alain qui me masse et me caresse au son du récit enregistré par ses soins que j'écoute avec un casque sur les oreilles, et les yeux bandés....Sa voix sensuelle et chaude, que j'ai toujours appréciée (je suis très sensible aux voix) m'emporte autant que ses mains qui me parcourent, et que le récit bien écrit qu'il me raconte....Je connais son talent littéraire, et je ne suis pas déçue par le conte érotique qui me transporte à la Cour de Versailles, nouvelle et éphémère Angélique....

Je reste dans la littérature érotique avec Marie, jeune autrice qui me chuchote une de ses nouvelles érotiques à l'oreille...Une autre expérience littéraire et sensuelle, qui me chatouille agréablement...

Tandis que je vole de découverte en découverte, mon amimoureux ne reste pas inactif non plus et nous nous retrouvons au gré de nos activités. Je me fais cobaye pour lui permettre de jouer avec les instruments cinglants de Maître Zirska, qui anime cette fois la découverte de ces jouets-là. Le personnage est bien sympathique, et nous discutons un moment tous les trois.

C'est à son tour de découvrir le massage érotique et feuilletonesque de Pierre-Alain, qu'il apprécie autant que moi, bien que l'on puisse regretter que pour l'instant, il n'y ait qu'une version féminine... Pendant ce temps, Vic-Cabaret, membre du staff des Polissons, me caresse délicieusement d'une plume légère et friponne....

Et enfin, je me livre aux mains du masseur officiel de la soirée, qui  exerce son art sur mon dos, mes épaules, et mes bras, m'offrant un beau moment de détente avant que la soirée ne se termine....Une belle conclusion pour cette belle soirée tout en sensualité ! 

Je reviendrai, c'est sûr ! D'ailleurs je l'ai fait un peu plus tard....Mais c'est une autre histoire que je vous ai déjà racontée....

Merci à Vic-Cabaret et à Pierre-Alain, ainsi qu'à l'équipe du Secret pour ces beaux moments

Et si vous souhaitez vous rendre,à une prochaine soirée,  suivez ce lien vers le site ArtQ ou celui-ci ArtQ sur instagram


* Si c'était la première fois que je me faisais chouchouter par ArtQ, les soirées existent depuis 2020

** forniphilie ou l'art de transformer des victimes consentantes en éphémères éléments de mobilier : tables, chaises, lampadaires.... 




jeudi 28 novembre 2024

ArtQ vous chouchoute #2

 Mercredi 27/11/2024

Un message surprise mardi soir, qui me demande si je connais quelqu'un qui pourrait animer un atelier découverte du fouet...Et c'est urgent ! Mais oui, il se trouve que j'ai cela dans mon carnet d'adresse 😊Et que mon cher complice en jeux divers et variés, en plus d'être un des meilleurs encordeurs que je connaisse,  est tout à fait ouvert à ce genre d'activités. Pour me remercier d'avoir joué les entremetteuses, Vic-Cabaret, l'organisatrice, m'envoie une invitation...


Et puis je vais faire une surprise à un ami cher, que je n'ai pas vu depuis longtemps...Motus et bouche cousue, s'il vous plaît, qu'on ne lui dise surtout pas que je viens à la soirée...

Me voilà arrivée au Secret, un bar libertin très cosy, que je connais bien puisque le propriétaire est un homme charmant que je connais et apprécie depuis longtemps, Guillaume Charm.

Vite, vite, je me change discrètement et je descends au 2ème sous-sol, où l'on m'a indiqué que se trouvaient les activités qui m'intéressent plus particulièrement...

Je suis tout de suite repérée par mon amateur éclairé de jeux cinglants et attachants, PierreJmBond, pour ne pas le nommer,  qui me regarde arriver en souriant...Et l'ami à qui je souhaite faire une surprise est là, tout occupé à bavarder avec lui...Il se tourne, ne me reconnaît d'abord pas dans la pénombre, puis ses yeux s'agrandissent lorsqu'il réalise que c'est bien moi, et il me serre dans ses bras, étreinte et baisers que je lui rends avec joie. Visiblement la surprise est bonne ^^. Cher Amandier, que c'est bon de te revoir !

Avec eux, se trouve quelqu'un d'autre que je connais aussi, Yves Saint-Amour, rencontré à diverses reprises, et la dernière lors d'une chasse au trésor échevelée à la campagne...Il m'apprend que c'est lui qui anime l'atelier "Gants de vampire"....Oh mais que d'activités plaisantes en perspective ! Je demande à chacun de me réserver un petit moment, car je devine bien que très vite, ils vont être tous fort occupés...

Les cordes d'abord, nous avons fait tant de belles choses, Amandier et moi, et cela fait longtemps que nous n'en avons plus eu l'occasion. Nous retrouvons avec plaisir des sensations que nous n'avons ni l'un ni l'autre oubliées...Amandier dit son plaisir de retrouver ma peau douce qui fait partie, dit-il aux spectateurs, du plaisir  que l'on  éprouve à m'attacher ; et moi je retrouve ses mains douces et assurées, le harnais de buste qu'il utilise et que je ne pratique plus guère alors que je l'apprécie beaucoup...Je suis vite suspendue, quasiment tête en bas, heureuse comme toujours de ces sensations qui me transportent toujours autant..."Tu es toujours aussi belle dans mes cordes", murmure mon cher attacheur, avant de déclarer aux spectateurs que je suis un des "meilleurs modèles de la Région parisienne" et "que [j'ai été] attachée par les plus grands". Rien que ça, cher Pierre ? Comme je le dis souvent, je ne pratique le shibari qu'avec les gens que j'aime et en qui j'ai confiance...J'ai beaucoup de chance surtout, d'avoir des amis qui sont des maîtres en la matière....ou qui vont le devenir, et qui aiment m'attacher.

Et voilà qu'arrive une autre connaissance, ma chère Clarissa Rivière, blogueuse et auteure renommée de romans érotiques. Elle ne veut pas nous interrompre, mais j'ai toujours un moment pour un échange de baisers.....C'est décidément la soirée des retrouvailles....

C'est la descente et Pierre Amandier me serre dans ses bras. Mais les candidates se bousculent devant l'encordeur, et je ne veux pas les faire attendre davantage, le temps passe si vite...

Le temps d'aller chercher un cocktail et je redescends, un petit intermède cinglant me ferait bien plaisir. Mais il y a une file d'attente, aussi n'ai-je que le temps d'un baiser entre deux, et le plaisir de regarder "mon" Pierre, comme dit Vic,pour le différencier de "son" Pierre (Amandier) qui est aussi tout de même un peu le mien 😁, faire découvrir avec douceur les jeux d'impact à des invitées plus ou moins novices. Oui c'est un plaisir de le regarder faire, moi qui connais et qui aime la morsure sensuelle de ses fouets, et qui le découvre ici attentif à ne pas aller trop vite ou trop fort, guidant de nouvelles recrues dans ces jeux qu'il maîtrise si bien.....

Yves Saint-Amour est bien occupé aussi, donc la séance "Gants de vampire" attendra...Qu'à cela ne tienne, je remonte et je retrouve Clarissa en grande discussion avec une sorte de grand Christ barbu à l'air avenant. Elle me regarde et me dit "J'ai envie de caresses...". Je ne me fais pas prier pour l'embrasser et la caresser, j'aime ce jeu que nous avons depuis longtemps....Nos deux voisins contemplent le spectacle sans mot dire, j'espère qu'ils l'apprécient...

Je bavarde un peu ici et là, je réponds à des questions sur le shibari et les sensations que cela me donne...On me demande si "l'initiation s'est bien passée ?". Je souris et réponds que ce n'était pas une initiation, mais que les cordes sont même mon activité principale, celle que je préfère à toute autre.

Puis je redescends...Cette fois Yves est libre mais la croix est occupée ; tant pis, il est prêt à trouver un autre endroit pour s'amuser avec les gants...Je me déshabille, ne gardant que ma culotte de dentelle noire, quand il  manifeste l'envie d'aller boire un verre d'eau. A peine a-t-il monté les escaliers que je me rends compte qu'il n'y a plus personne côté fouet....J'y cours donc, pressée de ressentir la morsure qui me transporte tant...."Que vais-je te faire ?' s'interroge-t-il, faussement perplexe ; "Comme d'habitude !" "Ah parce que nous avons des habitudes ?"...Eh bien si nous en avions, il va jouer à les bousculer de toutes les manières possibles, me faisant goûter la morsure ou la piqûre de tous les instruments, m'attrapant par les cheveux, me collant contre lui, m'écartant pour mieux cingler.... Cette fois, ce ne sera pas ce pas de deux que nous avons dansé jusque là, mais un jeu tout aussi jouissif. Yves, revenu, s'exclame "Mais tu as attrapé un gardon !" C'est vrai que je frétille dans tous les sens, comme un poisson au bout d'une ligne...Je ris de bon coeur, j'aime ce jeu, et quand il me ramène face à lui, je le défie du regard. La séance est courte, mais intense et complice, et pour finir, il me pousse doucement vers Yves en lui disant :"Je te l'ai bien chauffée, tu peux y aller !"

En effet, tout mon corps est en alerte, ma peau est frémissante, prête à d'autres plaisirs sensuels...Yves m'attache les poignets à la croix de Saint-André et me bande les yeux. Puis il me parcourt de haut en bas avec les gants, j'aime cette perception à la fois piquante et caressante. Je frissonne de plaisir quand les gants caressent ma taille et mon dos, me fait attentive quand ils caressent mes seins et descendent sur mes jambes. Je gémis et soupire, sous cette caresse particulière. Et je suis bien heureuse d'être attachée, car je ne suis pas sûre que mes jambes me porteraient si je ne l'étais pas....C'est moi qui demande grâce au bout d'un moment dont je ne sais s'il fut long au court, ivre de sensations après toutes ces belles expériences...

Mais il est temps pour Cendrillon de retrouver le carrosse qu'elle ne doit manquer sous aucun prétexte, avant de qu'il ne se transforme en citrouille....De tout le trajet, je ne me départirai pas d'un sourire béat, qui sera encore sur mes lèvres toute la matinée du lendemain.

Ce n'était pas ma première soirée ArtQ (il y en a eu une autre avant, mais c'est une autre histoire que je vous raconterai un autre jour....) et ce ne sera certainement pas la dernière fois que j'irais m'y faire chouchouter....

Merci à Vic-Cabaret et à Pierre-Alain, ainsi qu'à l'équipe du Secret pour ces beaux moments

Et si vous souhaitez vous y rendre, suivez ce lien vers le site ArtQ ou celui-ci ArtQ sur instagram

Et une autre version de la soirée ICI




vendredi 21 janvier 2022

Le jeu des cordes et du hasard

Edit 2022 Et depuis nous n'avons pas cessé 😊

Mars-avril 2020

La 1ère fois qu'il m'a parlé de polyamour, j'ai embouti le mur de mon garage avec ma voiture....Je sortais d'une expérience malheureuse et m'étais bien juré de ne pas retomber dans ce genre d'histoire...

Nous faisions des cordes ensemble depuis quelques semaines, alternant les cours avec les révisions chez l'un ou chez l'autre, au gré de nos disponibilités.

Le dimanche 15 mars, nous étions chez moi ; je savais déjà que je ne retournerais pas au lycée le lundi et lui avait proposé de rester jusqu'au mardi. Puis le lundi soir, la nouvelle du confinement est tombée, nous laissant abasourdis. Nous nous sommes regardés, indécis, choqués....puis avons décidé de rester ensemble, puisque rien ni personne ne nous appelait ailleurs...

Notre relation était amicale, mais non dénuée de la sensualité que crée le contact et la pratique des cordes...Je m'étais bien juré qu'elle n'irait pas plus loin et lors de nos discussions, je ne manquais jamais de rappeler pourquoi, selon moi, le polyamour ne pouvait pas fonctionner et mon rejet de ce type de relations.

Mais l'étrangeté de la situation nous a rapprochés....Nous ressentions tous deux le besoin de câlins rassurants. Nous partagions de longues discussions sur des sujets différents, j'aimais bien son côté toujours zen, si opposé à ce que je venais de vivre. Nous parlions souvent de cette curieuse  atmosphère de paradis terrestre, Adam et Eve isolés dans mon coin de paradis. Car le confinement, dans ma maison adorée, autour du barbecue dans le jardin, est proche du paradis.

Je ressentais aussi très fortement l'idée que si la fin du monde devait arriver, rester loin d'un homme qui me plaisait et à qui j'avais conscience de plaire, revenait à nous infliger une punition sans intérêt. "Pamazo", moi !

Depuis les journées s'écoulent, toujours trop vite...Depuis plus d'un mois et demi, nous n'avons jamais le temps de nous ennuyer, quoi que nous fassions. Je retrouve une énergie que j'avais perdu, l'envie de faire des projets...

Nos progrès dans les cordes sont fulgurants, tels que nous n'aurions jamais pu les réaliser dans une année "normale". J'ai autant de plaisir à l'attacher qu'à être attachée par lui, une découverte pour moi, qui ne pensais pas un jour pouvoir attacher...C'est toujours un échange sensuel, mais aussi verbal : nous progressons ensemble, nous aidant mutuellement quand la mémoire nous fait défaut sur un point ou un autre, n'hésitant pas à dire si la contrainte est trop forte ou trop douloureuse.

Alors que nous sommes tous deux plutôt "kinky", notre relation est pour le moment "vanille", ce qui ne manque pas de nous étonner...J'avais oublié l'amour autrement qu'à "la hussarde", craignant de ne pas éprouver de plaisir sans quelques contraintes. Mais cela nous convient à tous les deux.

mercredi 13 mai 2020

Un bilan du confinement

Voici ce que j'ai écrit en commentaire au post d'une amie sur Facebook, qui faisait la liste de ce que le confinement lui avait appris....

J'ai appris que même dans les pires moments la vie vous réserve de belles surprises...J'ai appris que la slowlife, c'était bien mieux que la speedlife, et qu'il fallait cultiver son jardin 🙂 Enfin, je savais déjà tout ça mais je l'avais un peu oublié dans le tourbillon des jours 🙂
Ah oui et j'ai appris aussi que je pouvais attacher et le faire bien même s'il y a encore beaucoup à apprendre, et qu'un peu de vanille ça rendait la vie plus douce....


Pourquoi et comment, c'est une autre histoire que je vous raconterai un autre jour..... 

lundi 2 mars 2020

Onawa Asobi (2)

Dimanche 23 février 2020


Le dimanche nous voit revenir au Shibari Lounge, bien à l'heure cette fois, car nous ne voulons rien manquer. Les shows vont s'enchaîner dans un crescendo tourbillonant...

Tout d'abord deux jeunes femmes venues de Grèce, WisDomme et sa modèle Psychopis. La connexion semble un peu tarder à se mettre en place, car Psychopsis a l'air un peu crispée...Tout au long de la performance, WisDomme arborera un sourire épanoui, qui paraît forcé à mes amis, tandis que pour moi, il est émouvant, traduisant le plaisir de la jeune femme à attacher son modèle. Comme quoi, d'une personne à l'autre, les ressentis diffèrent...

Le show suivant me bouleverse profondément...Gentleties, un attacheur belge et sa partenaire EveHill (Hollande) n'ont que quelques années de pratique. Ce qu'ils font n'est pas particulièrement spectaculaire, une semi-suspension par le TK et un futumomo, Mais on sent entre eux une immense complicité, et beaucoup d'amour...On a l'impression d'assister à un moment intime et magique... Cela me donne des idées que je brûle de mettre rapidement en pratique sur mon habituelle victime consentante...

Puis Shibarista Jess nous annonce que la team japonaise a décidé de nous faire une surprise, pour pallier la défection inopinée de l'un des couples prévus au programme...Fuuka attend sagement sur la scène quand entre Yoi-San. Sans ménagement, celle-ci entreprend de la mettre dans la confusion la plus complète. C'est drôle et charmant, et toute la salle rit de bon coeur quand la jeune fille souffle plusieurs fois la flamme des bougies dont la cire doit lui couler dessus, ou quand l'attacheuse lui demande si elle peut lui faire "kouli kouli" c'est à dire lui pincer les tétons, ce qu'elle fait quelle que soit la réponse...Puis elle offre aux yeux des spectateurs les deux hémisphères dénudées de sa "victime" et donne à deux d'entre eux l'extrémité des cordes qui reposent sur le joli postérieur,en leur enjoignant de s'amuser avec...On imagine bien la honte de la pauvre Fuuka qui ne peut voir ce qui se passe...Et les deux "bourreaux" improvisés de s'amuser à faire claquer les cordes sur les lunes pâles..Nuit de Tokyo se charge de la traduction, ce qui rend le discours de Yoi nettement plus compréhensible...Un show enlevé et drôle, qui fait rire de bon coeur toute la salle.

On nous annonce ensuite que Marc Beshibari va attacher celle qui fut le dernier modèle de Yukimura, Akane...Mais surprise, c'est Shibarista Jess qui entre en scène alors que Akane attend, et commence à attacher de manière délicate, presque protectrice.Très vite, Marc prend le relais et les figures s'enchaînent... Les larmes d'Akane coulent sur son visage, ce qui est toujours surprenant pour les européens (en tout cas pour moi, qui sourit toujours dans les cordes...), sans que l'on sache si elle a vraiment honte ou s'il s'agit d'une sorte de code...C'est du semenawa authentique et virtuose...Si les larmes viennent à nos yeux, c'est parce que le spectacle est d'une profonde beauté...Vraiment hypnotisant, et d'ailleurs il règne un silence quasi-religieux dans la salle...

Vient ensuite le tour de Jac Fabian et de Tina, tous deux venus du Danemark (du monde entier, vous dis-je :) ). Carole retiendra surtout le TK monté à 4 brins d'un seul coup et la figure inversée qui ressemble à celle que nous avons réalisée la veille pendant la jam.  Il est vrai que je n'ai jamais vu personne faire cela, et surtout aussi vite....Une belle maîtrise pour un show qui  ne laisse guère de répit à  la modèle, dont le rigger s'éloigne parfois pour la contempler avant de revenir....

Puis c'est  Bingo Shigonawa, star parmi les attacheurs japonais qui entre en scène pour une session "gômon nawa"* (c'est le mot que je crois comprendre), c'est à dire semenawa en pire. "Semenawa" ce sont déjà "les cordes qui torturent", alors je ne sais comment traduire "gômon nawa" mais l'illustration en live va se révéler très parlante... Sa modèle est une jeune française, TatyAna, que je sais très masochiste. Elle arrive tenue en laisse par Bingo, entravée dans une camisole de force en vinyle crème et la tête couverte d'une cagoule assortie de la même matière, où l'on distingue à peine les deux trous qui lui permettent de respirer....C'est impressionnant, surtout pour moi qui ne supporte pas qu'on me mette quoi que ce soit sur la tête. TatyAna gardera la cagoule un long moment tandis que Bingo l'attache et l'on voit le fin tissu se coller à sa bouche tandis qu'elle cherche sa respiration. Tout est spectaculaire, et le public retient son souffle...Quand il défait la camisole, c'est pour mieux la plaquer au sol et l'enserrer dans le TK, une autre forme d'entrave, qui ne semble pas moins dure. Puis vient la suspension, et l'inversé total, les jambes écartées, et tirées de plus en plus haut en arrière, la pliant selon un angle improbable....Il allume des bougies et laisse couler la cire de ses chevilles à son sexe, la flamme semble lécher la peau...On l'entend gémir et on devine tout de même qu'il n'y a pas de "faire-semblant" dans ce jeu-là....Il finit par la redescendre mais ne cesse pour autant de la tourmenter.....Le fouet claque durement sur son ventre, par trois fois...La tension dans l'air est palpable, le silence lourd d'émotion....TatyAna défie Bingo d'un sourire, un sourire intense qui le remercie de l'avoir emmenée si loin... C'est sans doute le show le plus dramatique,  une véritable apothéose pour ce week-end magique....

Puis ce sera pour finir le tour d'Asiana, attacheuse hollandaise d'origine asiatique, et d'une autre modèle française, eurasienne, Alma ou l'Ardeur. J'ai vu Asiana attacher à l'Eurix 2018, et j'avais été totalement conquise par ses cordes, les plus esthétiques de cette manifestation à mon sens. Je retrouve ses gestes précis et sûrs, son sourire et sa grâce. C'est un beau moment qui vient clore en douceur ce week-end intense...

A la clôture du festival, quelques minutes plus tard, Yoi ne peut retenir ses larmes et ne parvient pas à prononcer le discours prévu avant plusieurs minutes...Il me semble que toute la salle partage son émotion, personne n'est indemne de ces moments de communion intense...Et c'est peut-être ce que je retiens le mieux de ces deux jours : une atmosphère particulière, chargée d'énergie positive... Personne n'est là pour soigner son ego ou écraser les autres de sa maîtrise, nous avons vécu des moments de partage, c'est la passion des cordes qui nous a tous réunis en ce lieu, amateurs, professionnels, expérimentés ou débutants...Et c'est peut-être cela la véritable magie....

Nous devons partir vite, car la semaine recommence pour tous trois le lendemain et la route nous attend...A peine le temps d'échanger quelques mots avec les amis et nous voilà partis, les yeux encore pleins d'étoiles et la tête pleine de rêves....Il nous faudra du temps pour redescendre et pour certains, ce ne sera toujours pas fait le lendemain....

Ecrire, c'est aussi fixer le souvenir, les émotions mais les mots sont-ils suffisants pour rendre compte de l'émotion, de l'intensité de ce week-end hors du temps ?

* Merci à Nuit de Tokyo pour la précision linguistique et sémantique éclairante : "Gômon 拷問 c’est la torture au sens de “question” au moyen âge. La racine conceptuelle est la même, mon 問 a le sens tout à fait neutre de poser une question. La douleur impliquée est comprise comme étant une douleur physique
Seme 責め a plus le sens de faire souffrir, mettre dans une position inconfortable et peut être aussi bien physique que psychologique."




jeudi 27 février 2020

Onawa Asobi (1)

Samedi 22 février 2020






        Deux jours de performance, des participants venus du monde entier...Les amateurs de cordes en ont rêvé, Marc Beshibari et Shibarista Jess l'ont fait au Shibari Lounge d'Anvers...et j'ai eu la chance d'assister à cet événement exceptionnel...

       Ce festival existe au Japon depuis 2009, mais c'est la 1ère fois qu'il a lieu en Europe. Yoi Yoshida, doyennne des nawashi japonais, en est, à 67 ans, le promoteur. Aucun amateur de cordes japonaises ne peut rester indifférent à cet événement...Indécise comme souvent, j'ai attendu la dernière minute pour prendre mon billet...et me suis retrouvé en liste d'attente à la mi-janvier car toutes les places avaient été vendues plus d'un mois et demi avant le jour J. Mais contre toute attente, 10 jours avant, j'ai reçu un mail me signalant qu'une place venait de se libérer...Je n'ai pas perdu de temps cette fois avant de m'embarquer pour l'aventure, avec Carole Lionesse,  et Mist Erg, encordeurs et modèles que je connais peu mais depuis quelques temps.

      Le vendredi, j'ai déjà pu goûter aux belles cordes de Carole, pendant "Les Goûters du Divin Marquis". Entre nous, la connexion a été immédiate, et elle a su donner l'envol à la Colombe blessée, qui se remet difficilement d'une perte douloureuse.

      Le samedi matin nous voit partir tous les trois, dans une euphorie contagieuse.

     Sur le programme du samedi, nous avons manqué deux performances mais n'avons perdu une miette des 5 autres.

     La première réunit une attacheuse espagnole et sa modèle chilienne, Glü Wür et Rouse Renoir. Costumes et musique sont très travaillés mais nous trouvons tous trois que tout cela manque un peu d'émotion, malgré une esthétique très recherchée.

     La deuxième va nous transporter : Dolph et Asimira sont hollandais, et la complicité entre eux éclate dès les premières cordes. Asimira arbore un sourire malicieux et donne du fil à retordre à son attacheur. Les figures s'enchaînent, virtuoses, difficiles, sans qu'elle quitte son rigger des yeux. Le show est dynamique, entraînant, et les spectateurs se laissent emporter par la belle histoire qu'on leur raconte avec passion...

     Puis c'est au tour de Yoi Yoshida d'entrer en scène avec son modèle belge, Candy Dandelion. Ici, les cordes semblent un rituel réalisé par une grande prêtresse...Les gestes sont fluides, lents, précis, d'une grâce incomparable. Yoi-San fait tourner sa modèle pour qu'elle présente au public ses rondeurs exposées, puis laisse couler sur elle la cire de ses bougies...Ce show-là est hypnotisant et nous raconte une autre histoire...

     Après une pause, c'est l'attacheur Nuit de Tokyo, un français qui a vécu au Japon et témoigne d'une grande culture nippone de nous faire rêver avec sa jeune modèle japonaise Fuuka, dont il nous révèle que c'est la première fois qu'elle se produit en public... NDT nous a juste laissé savoir, par l'intermédiaire de Shibarista Jess, la Madame Loyal du Festival, que son style était celui du regretté Yukimura Haruki, grand maître japonais du shibari, décédé en 2016. C'est Yukimura qui est à l'origine de ma passion pour les cordes, car j'ai vu il y a quelques années un documentaire centré sur lui et un de ses modèles, Nana-Chan, film qui m'a bouleversée et donné envie de pratiquer...sans savoir avec qui ni où...Parfois, lorsque l'on rêve très fort, il arrive que les voeux soient exaucés...
NDT prononce parfois quelques mots en japonais à sa modèle, et connaissant son maître, j'imagine sans peine qu'il sont destinés à provoquer la honte de la jeune fille. Un petit lampion  accroché au bambou et une musique choisie suffisent à créer l'ambiance,...

     Enfin, la journée s'achève avec le show de Sin (Grande-Bretagne) et Neko (Espagne). De celui-là curieusement, je garde peu de souvenirs, probablement parce que les deux précédents ont fait naître en moi une intense émotion. Ce sont de belles cordes, je m'en souviens, mais c'est Carole qui me dira que la musique est joué en live par des musiciens, que je n'avais pas remarqués, toute aux gestes du rigger....

     Nous sortons dîner avec un ami bruxellois et sa soumise, avant de revenir au Shibari Lounge pour la jam...Quand nous arrivons, de nombreux points de suspension ont été ajoutés dans la salle...Je ne compte pas moins de 9 bambous et 4 anneaux. Tous les bambous sont occupés et nous nous rendons vite compte qu'il faut se précipiter dès que l'un d'eux se libère. Mais j'ai très envie de retrouver les cordes de Carole...J'aime sa façon de créer une connexion et un jeu sensuel entre nous, et je ne tarde pas à vibrer avec elle lorsqu'elle me caresse avec les cordes, ou du bout des doigts, ou plante son regard dans le mien, visage contre visage...La ligne de suspension me retient au bambou, un tenugui vient m'aveugler, m'isolant du monde et rendant mon équilibre précaire...J'aime cette sensation, qui m'empêche d'anticiper les gestes de la riggeuse, et me plonge dans ma bulle...Je sens que je m'envole sur le dos, avant que la Lionne ne me fasse basculer sur le ventre, puis en position inversée, la tête en bas. Le bandeau se dénoue, mais la mousseline légère de ma robe retombe sur mes yeux, me permettant de regarder à travers un voile discret et léger ce qui se passe autour de moi...Mais je n'ai qu'une semi-conscience de moi-même et des autres, et Carole me montrera le lendemain au cours d'un show la position dans laquelle elle m'avait mise. Tout ce que je sais, c'est que je me sens bien, envolée très loin et très haut...Elle me descend en douceur, sur le côté, en appui sur ses genoux...Je suis bien, mieux que je ne l'ai été depuis longtemps, apaisée et heureuse...

      Le lendemain nous revoit au Shibari Lounge, bien décidés à ne rien manquer des shows à venir. Et si le samedi avait été riche de beauté et d'émotions, le dimanche va se révéler encore plus extraordinaire et bouleversant...Mais c'est une autre histoire que je vous conterai un autre jour....



 

mercredi 19 février 2020

Humeur littéraire....

Mercredi 19 février 2020


Personne n'a peint les tourments de l'âme humaine comme Racine...et ce soir, je partage avec vous ce texte magnifique, dans lequel je me retrouve tout à fait...

Bérénice (à Titus)
Je n'écoute plus rien, et pour jamais adieu.
Pour jamais! Ah! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime? 
 
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous?
Que le jour recommence et que le jour finisse 
 
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus?
Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus! 
 
L'ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence?
Ces jours, si longs pour moi, lui sembleront trop courts.

Jean Racine, Bérénice (1670), IV, 5