lundi 29 mai 2017

Madame rêve....



     Toute la semaine, la tension est montée doucement, cette appréhension joyeuse que j'aime à ressentir....Et le week-end est là, nous sommes enfin sur la route qui n'en finit plus de s'étirer...
     "Si tu veux, tu dors avec moi ce soir...." a-t-il dit. Je ne me suis pas fait prier pour accepter...
     J'ai été "réquisitionnée" il y a plusieurs jours déjà pour les cordes et pour le fouet, et c'est peu dire que je suis impatiente, le coeur battant toujours la même mesure : que va-t-il faire ? que va-t-il ME faire ? serai-je à la hauteur ?...
     Nous arrivons sur le  lieu de la soirée. Nouveau lieu, nouvelles connaissances... Je suis toujours un peu intimidée,  j'observe et j'écoute plus que je ne parle. Mais l'ambiance, bon enfant et décontractée, me plaît. Le buffet, qui nous a été présenté comme un modeste apéritif, est royal.
     Nous descendons d'un étage, là où se trouve le donjon, une très grande pièce pourvue de nombreux accessoires : croix de Saint-André, crochets et chaînes, un "portique" d'où pendent des menottes, un "sling", un pilori....De nombreux invités sont déjà occupés à jouer. Il ne tarde pas à dire qu'il a envie de m'attacher et cherche un point de suspension.
    Une nouvelle fois,  le TK s'enroule autour de moi, dejà familier et pourtant toujours différent, sensations intenses et renouvelées. Je me retrouve rapidement sur la pointe des pieds, puis une jambe pliée en futumomo, puis la tête en bas, toujours étonnée de me sentir si bien dans cette position, petit animal confiant dans les mains qui l'attachent, "la bestiole" comme il dit. Mais la chaleur trop forte va nous faire abréger la séance.
     Après un temps de repos, il m'attache sur l'une des croix. J'aime la danse des martinets sur mon dos et mes deux hémisphères, puis les fouets et et je ne tarde pas à perdre toute notion du monde qui m'entoure, hypnotisée par les caresses du cuir qui me font rapidement onduler de la tête aux pieds....Ca pique, ça brûle, ça chauffe et chaque fois qu'il me griffe doucement le dos de ses ongles, je frissonne violemment,  secouée toute entière par une indicible vague de plaisir...Jusqu'au moment où il murmure à mon oreille "Je peux te marquer ?" Je lui réponds dans un souffle "J'ai envie de porter tes marques".... et si à ce moment, il me proposait de me marquer au fer, je crois que je dirais encore oui, totalement abandonnée, pâmée, envolée dans une autre dimension où n'existent plus que les lignes de feu  qui me parcourent....Le fouet claque, et il s'amuse de mes sursauts quand le bruit éclate trop près de mes oreilles sans que le cracker ne me touche...  Cette belle séance aura momentanément raison de moi, et je m'endormirai un moment, épuisée, détendue, apaisée.
    Mais la configuration de la croix nous a privés tous deux de la la moitié du plaisir, et quand il me propose un peu plus tard de passer à l'avers de la médaille, j'acquiesce sans tergiverser. Cette fois, il me lie les mains avec une corde avant de les attacher au-dessus de ma tête à un anneau, au beau milieu du donjon....Le seul contact de la corde suffit à me plonger dans un état second. J'aime cette danse qu'il mène autour de moi, et je m'offre à nouveau à ses fouets, proie que le chasseur guette parfois d'un regard aigu, et qui, fascinée, n'a plus d'autre volonté que la sienne... Rapidement, mes tétons deviennent sensibles et douloureux, et je me tords sous les coups, revenant toujours cependant à ma place, criant parfois....Je ne crie pas habituellement mais il m'emporte  si loin, au-delà du temps et de l'espace, au-delà de moi-même...Les enroulés du fouet me replongent dans l'extase, d'autant plus que parfois il me serre contre lui, sans pourtant cesser.... Comment décrire ce mélange de tendresse et de dureté qui me projette littéralement hors de moi-même ? Quand je reprendrai mes esprits, sans savoir combien de temps s'est écoulé, ce sera pour me rendre compte que nous sommes maintenant seuls dans le donjon, "depuis un bon moment déjà" dit-il...

 Le lendemain matin, à peine réveillés, il entreprend de m'attacher au lit. Je lui tends mes deux mains, toujours en confiance. Il fait passer mes poignets attachés derrière ma tête et vient fixer le bunny à la tête du lit....Je ne lui en ai rien dit mais c'est l'un de mes désirs les plus secrets, jamais réalisé jusque là, ...J'aime être une nouvelle fois sa proie, impudique et offerte , totalement à sa merci, j'aime qu'il s'empare de moi, joue de moi comme il le veut, me faisant vibrer à son gré....Puis il me fait plier les jambes et les attache, écartées chacune d'un côté du lit, m'obligeant à une ouverture difficile à tenir pour moi... Je goûte encore plus cette immobilisation totale et forcée. Il s'éloigne un instant et je le vois revenir, non sans appréhension,  avec un objet que je reconnais sans peine, cet engin diabolique contre lequel il est impossible de lutter. Je devine assez bien la nature du délicieux supplice qui m'attend...Et en effet, je ne sais plus, bientôt, si c'est exquis ou atroce, cabrée dans mes liens d'une manière qui m'aurait certainement valu le bûcher il y a quelques siècles, tant la succession d'orgasmes qu'il m'inflige est à la fois voluptueuse et douloureuse.... "Possédée"  à tous points de vue, je crie, je gémis, je ris, toute honte bue, insoucieuse de mes amies qui ne peuvent manquer d'entendre ce qui se passe, toute à ses mains...Envie qu'il s'arrête, non,  qu'il continue, non, qu'il s'arrête, non, qu'il continue... Le monde se réduit à cet ici et à ce maintenant, à  ce plaisir si fort qu'il en devient presque insoutenable. De temps en temps, il me regarde, un sourire malicieux aux lèvres qui achève de me faire fondre complètement dans tous les sens du terme... Et je repars de plus belle, explosant dans un feu d'artifice de sensations, où il me semble que chaque centimètre carré de ma peau est devenue une zone érogène à haute tension, que le moindre effleurement fait crépiter...
     Après un bon déjeuner et une sieste bien méritée, il semble bien que nous n'ayons pas épuisé l'envie des cordes....Il me place à genoux devant lui sous le point de suspension et je me retrouve rapidement en semi-suspension cuisses écartées, genoux pliés, les talons aux fesses, et la tête retenue en arrière par mes cheveux tressés d'une corde....Etonnée tout de même de me sentir si bien dans une postion pour moi aussi improbable, caressée par le soleil qui inonde la pièce et par les cordes. Je ne me lasse pas d'être ainsi livrée à celui qui m'attache et me contraint, et dont les cordes, pourtant, me libèrent une nouvelle fois, permettant cet envol magique que je ne peux m'empêcher d'éprouver.  Il me détache en partie mais c'est pour m'attacher différemment, sur le ventre cette fois, dans une position légèrement moins contraignante, qui m'interdit cependant de poser la tête sur le sol, rejetée en arrière qu'elle est encore par la corde qui tient mes cheveux. Il pose un tenugi* sur ma bouche, solidement noué à l'arrière de ma tête. J'aime cette sensation-là, et je ne peux m'empêcher de lui jeter un regard malicieux par-dessus le baillon tandis qu'il prend des photos...Sa voix murmure "Tu es trop belle comme ça...." et c'est aussi comme une caresse... Puis je le vois s'approcher du sac en tissu maintenant vide où se trouvaient les cordes. Je sursaute car je comprends immédiatement  ce qu'il a en  tête, et ne peux m'empêcher de protester malgré le baillon, secouant la tête  tandis qu'il me coiffe du sac et en noue les poignées autour de mon cou.... Avoir la tête recouverte est une terrible source d'angoisse pour moi depuis toujours, j'ignore pourquoi. Peut-être la peur de ne pouvoir communiquer avec les yeux ? L'impression d'être coupée du monde ? S'il ne me caressait pas le dos de sa main, si je ne sentais pas sa présence à côté de moi, je crois que l'affolement achèverait de me gagner.... Il le sent et ne me laisse pas longtemps dans cette situation inconfortable. Puis il me prend dans ses bras mais ce moment de calme ne dure pas car il use à nouveau sur moi d'une minuscule machine infernale, et je ne tarde pas à avoir l'impression que je vais finir par me désintégrer en mille petits éclats de lumière,  le coeur qui galope  comme un cheval emballé, chaque parcelle de moi semblant animée d'une vie propre et indépendante.... Je supplie que cesse le délicieux tourment, mais s'il arrête, c'est pour me donner une magistrale fessée. La petite peste impertinente refait surface à ce moment-là, et mes pieds libérés protestent avec énergie contre ce traitement, tandis que je tourne la tête pour le fusiller du regard. Et à ma grande indignation,  cela le fait rire !
Après, vient le temps de la descente, ce moment de douceur si nécessaire à retrouver le sens des réalités...Il est déjà plus tard que l'heure prévue pour le départ , mais nous n'en avons aucun regret...

* baîllon de tissu japonais


lundi 15 mai 2017

Jeux de maux....

Dimanche 14 avril 2017

Après des heures de tortures exquises....

Moi : - Non non non, je n'en peux plus.....
Lui : - Il y a un mot pour ça !
Moi (perplexe) : Ah bon ?
Lui : Ca commence par P....
Moi (triomphante) : Pardon !
Lui : Non.. (il continue en attendant)
Moi (oubliant que je n'en peux plus) : Par P ? A part "pardon", je ne vois pas....
Lui (moqueur) : P-i....
Moi (soulagée d'avoir trouvé) : Pitié !

Je me demande tout de même pourquoi le premier mot qui me vient à l'esprit est "pardon"...Qu'a-t-elle  à se faire pardonner, la petite "flicka"* qui s'excuse toujours de tout mais ne sait pas demander grâce, et qui ne sait plus pleurer ? A-t-elle honte, se sent-elle coupable de demander une pause, comme si elle craignait toujours de ne pas être à la hauteur ?

*petite fille, en suédois mais aussi un souvenir littéraire d'enfance pour moi (My friend Flicka, de Mary O'Hara, très beau roman américain qui raconte l'histoire d'un apprivoisement)