jeudi 27 février 2020

Onawa Asobi (1)

Samedi 22 février 2020






        Deux jours de performance, des participants venus du monde entier...Les amateurs de cordes en ont rêvé, Marc Beshibari et Shibarista Jess l'ont fait au Shibari Lounge d'Anvers...et j'ai eu la chance d'assister à cet événement exceptionnel...

       Ce festival existe au Japon depuis 2009, mais c'est la 1ère fois qu'il a lieu en Europe. Yoi Yoshida, doyennne des nawashi japonais, en est, à 67 ans, le promoteur. Aucun amateur de cordes japonaises ne peut rester indifférent à cet événement...Indécise comme souvent, j'ai attendu la dernière minute pour prendre mon billet...et me suis retrouvé en liste d'attente à la mi-janvier car toutes les places avaient été vendues plus d'un mois et demi avant le jour J. Mais contre toute attente, 10 jours avant, j'ai reçu un mail me signalant qu'une place venait de se libérer...Je n'ai pas perdu de temps cette fois avant de m'embarquer pour l'aventure, avec Carole Lionesse,  et Mist Erg, encordeurs et modèles que je connais peu mais depuis quelques temps.

      Le vendredi, j'ai déjà pu goûter aux belles cordes de Carole, pendant "Les Goûters du Divin Marquis". Entre nous, la connexion a été immédiate, et elle a su donner l'envol à la Colombe blessée, qui se remet difficilement d'une perte douloureuse.

      Le samedi matin nous voit partir tous les trois, dans une euphorie contagieuse.

     Sur le programme du samedi, nous avons manqué deux performances mais n'avons perdu une miette des 5 autres.

     La première réunit une attacheuse espagnole et sa modèle chilienne, Glü Wür et Rouse Renoir. Costumes et musique sont très travaillés mais nous trouvons tous trois que tout cela manque un peu d'émotion, malgré une esthétique très recherchée.

     La deuxième va nous transporter : Dolph et Asimira sont hollandais, et la complicité entre eux éclate dès les premières cordes. Asimira arbore un sourire malicieux et donne du fil à retordre à son attacheur. Les figures s'enchaînent, virtuoses, difficiles, sans qu'elle quitte son rigger des yeux. Le show est dynamique, entraînant, et les spectateurs se laissent emporter par la belle histoire qu'on leur raconte avec passion...

     Puis c'est au tour de Yoi Yoshida d'entrer en scène avec son modèle belge, Candy Dandelion. Ici, les cordes semblent un rituel réalisé par une grande prêtresse...Les gestes sont fluides, lents, précis, d'une grâce incomparable. Yoi-San fait tourner sa modèle pour qu'elle présente au public ses rondeurs exposées, puis laisse couler sur elle la cire de ses bougies...Ce show-là est hypnotisant et nous raconte une autre histoire...

     Après une pause, c'est l'attacheur Nuit de Tokyo, un français qui a vécu au Japon et témoigne d'une grande culture nippone de nous faire rêver avec sa jeune modèle japonaise Fuuka, dont il nous révèle que c'est la première fois qu'elle se produit en public... NDT nous a juste laissé savoir, par l'intermédiaire de Shibarista Jess, la Madame Loyal du Festival, que son style était celui du regretté Yukimura Haruki, grand maître japonais du shibari, décédé en 2016. C'est Yukimura qui est à l'origine de ma passion pour les cordes, car j'ai vu il y a quelques années un documentaire centré sur lui et un de ses modèles, Nana-Chan, film qui m'a bouleversée et donné envie de pratiquer...sans savoir avec qui ni où...Parfois, lorsque l'on rêve très fort, il arrive que les voeux soient exaucés...
NDT prononce parfois quelques mots en japonais à sa modèle, et connaissant son maître, j'imagine sans peine qu'il sont destinés à provoquer la honte de la jeune fille. Un petit lampion  accroché au bambou et une musique choisie suffisent à créer l'ambiance,...

     Enfin, la journée s'achève avec le show de Sin (Grande-Bretagne) et Neko (Espagne). De celui-là curieusement, je garde peu de souvenirs, probablement parce que les deux précédents ont fait naître en moi une intense émotion. Ce sont de belles cordes, je m'en souviens, mais c'est Carole qui me dira que la musique est joué en live par des musiciens, que je n'avais pas remarqués, toute aux gestes du rigger....

     Nous sortons dîner avec un ami bruxellois et sa soumise, avant de revenir au Shibari Lounge pour la jam...Quand nous arrivons, de nombreux points de suspension ont été ajoutés dans la salle...Je ne compte pas moins de 9 bambous et 4 anneaux. Tous les bambous sont occupés et nous nous rendons vite compte qu'il faut se précipiter dès que l'un d'eux se libère. Mais j'ai très envie de retrouver les cordes de Carole...J'aime sa façon de créer une connexion et un jeu sensuel entre nous, et je ne tarde pas à vibrer avec elle lorsqu'elle me caresse avec les cordes, ou du bout des doigts, ou plante son regard dans le mien, visage contre visage...La ligne de suspension me retient au bambou, un tenugui vient m'aveugler, m'isolant du monde et rendant mon équilibre précaire...J'aime cette sensation, qui m'empêche d'anticiper les gestes de la riggeuse, et me plonge dans ma bulle...Je sens que je m'envole sur le dos, avant que la Lionne ne me fasse basculer sur le ventre, puis en position inversée, la tête en bas. Le bandeau se dénoue, mais la mousseline légère de ma robe retombe sur mes yeux, me permettant de regarder à travers un voile discret et léger ce qui se passe autour de moi...Mais je n'ai qu'une semi-conscience de moi-même et des autres, et Carole me montrera le lendemain au cours d'un show la position dans laquelle elle m'avait mise. Tout ce que je sais, c'est que je me sens bien, envolée très loin et très haut...Elle me descend en douceur, sur le côté, en appui sur ses genoux...Je suis bien, mieux que je ne l'ai été depuis longtemps, apaisée et heureuse...

      Le lendemain nous revoit au Shibari Lounge, bien décidés à ne rien manquer des shows à venir. Et si le samedi avait été riche de beauté et d'émotions, le dimanche va se révéler encore plus extraordinaire et bouleversant...Mais c'est une autre histoire que je vous conterai un autre jour....



 

mercredi 19 février 2020

Humeur littéraire....

Mercredi 19 février 2020


Personne n'a peint les tourments de l'âme humaine comme Racine...et ce soir, je partage avec vous ce texte magnifique, dans lequel je me retrouve tout à fait...

Bérénice (à Titus)
Je n'écoute plus rien, et pour jamais adieu.
Pour jamais! Ah! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime? 
 
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous?
Que le jour recommence et que le jour finisse 
 
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus?
Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus! 
 
L'ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence?
Ces jours, si longs pour moi, lui sembleront trop courts.

Jean Racine, Bérénice (1670), IV, 5 

vendredi 14 février 2020

L'emprise

   Je n'avais jamais publié ce texte, écrit en d'autres temps et dans une autre vie...Aujourd'hui, je ne baisse plus les yeux devant personne, je ne m'agenouille plus aux pieds de personne...Et rien ne semble indiquer que cela changera un jour...Mais il ne faut jamais dire "Fontaine..."   

 L'emprise....Dans ce simple mot, tant de choses.
     L'idée de possession d'abord, dans le participe passé du verbe (em)prendre. Et cette insistance du préfixe em-, du latin in- qui dit bien que l'emprise est avant tout intérieure.
     Dans l'histoire médiévale, c'est aussi le contrat moral qui lie le chevalier à son suzerain ; et en droit, cela marque la prise de possession physique d'un terrain.
      Dans toutes ces définitions, je retrouve une part de moi.
      Je vis sous emprise, et pourtant je ne suis la soumise de personne, je suis seulement soumise à lui, parce que c'est ainsi que je me sens quand un seul de ses regards suffit à me mettre à genoux.  Il ne veut pas de ma soumission, et m'a laissé libre, trop libre, de faire tout ce que je veux. J'aime ma liberté, loin de tous les remous qui agitent ce petit monde et me renvoient à des blessures qui ne semblent pas guérir ; je la mettrai à ses pieds  s'il me la demandait demain mais pourtant j'aime qu'il ne le fasse pas... La place qu'il me fait auprès de lui me convient et tant qu'il en sera ainsi, je ne pourrai échapper à l'emprise... Un jour peut-être, un autre parviendra à me faire baisser les yeux mais en attendant, mieux vaut être son jouet à lui que la soumise de quelqu'un d'autre....

jeudi 13 février 2020

Colombe vole encore à Tire d'Aile....

Jeudi 13 février 2020

        Voilà longtemps que je ne suis pas venue ici...Mais j'ai grand plaisir à voir que le blog continue à vivre , grâce à vous, lecteurs, qui passez ici :-). Soyez-en remerciés !
        Peut-être de nouveaux textes à venir, l'envie d'écrire me reprend....