dimanche 10 juillet 2016

Se souvenir des belles choses...

Mardi 14 juin 2016


     Ce jour-là, il donne un cours, à un élève qui lui a été adressé par l'un de ses amis et qui doit venir avec un modèle que nous connaissons, M-R. Il m'a demandé d'être là, car il préfère montrer sur moi et faire répéter l'élève sur M.
     N. est un homme encore jeune, ouvert et sociable et nous sympathisons rapidement tous trois. Il se révèle très vite doué pour les cordes, comprenant et mémorisant rapidement à la fois les gestes et l'esprit du shibari.
     Notre M. est comme à son habitude, extravertie et chahuteuse, n'hésitant pas à entraîner N. dans ses jeux. Je sens que la tension monte chez le professeur, qui n'apprécie que modérément ces débordements.
     Il nous envoie toutes deux voir momentanément ailleurs s'il y est, et pour M. manger quelque chose. Après cette pause, le cours reprend et cette fois le modèle est beaucoup plus sérieuse et concentrée ; cette deuxième partie est très belle à regarder, l'alchimie se fait entre N. et elle, sous la houlette de P, que je vois enseigner pour la première fois et qui se révèle aussi bon pédagogue que je l'imaginais (et je crois être malgré notre complicité, assez objective en la matière). Ses gestes sont, comme toujours, précis et sûrs, et ses explications très claires... C'est un grand plaisir de le voir heureux de partager ses connaissances et sa passion, et de l'écouter.
     Il a proposé à N. de revenir pour partager notre dîner et revoir quelques bases techniques... Il veut aussi le faire travailler, je le devine, avec moi, qu'il sait plus calme et concentrée que notre jeune amie, plus patiente aussi.
     Je suis un peu inquiète : je suis tout de même moins jeune et moins souple que M., moins expérimentée aussi,  et je crains que N. n'ait pas du tout les mêmes sensations. Mais, très vite, après un dîner chaleureux et sans façons, la magie opère et nous nous accordons, N. et moi, sous l'oeil du professeur. Mon attacheur n'est pas prêteur, et ne souhaite pas que je sois attachée par d'autres, à l'exception de ma chère élève attacheuse sur l'Ile Enchantée... Une règle que je respecte scrupuleusement, d'autant que je n'éprouve pas l'envie d'être attachée par quelqu'un d'autre...Etre le support de son cours, prêtée comme un objet précieux à son élève, a quelque chose de sensuel et de délicieux...
     J'aime particulièrement ce moment où à genoux de part et d'autre de moi, ils dessinent chacun une échelle sur mes jambes, et je les fais rire en leur disant que c'est bien agréable d'avoir deux hommes à ses pieds !
     Puis N. va réaliser, sous sa supervision, sa première vraie suspension, très bien faite, et dans laquelle je me sens très confortable...
     Le cours va se prolonger jusqu'à minuit, à la satisfaction générale des protagonistes...
    Je dois me lever tôt le lendemain, mais après cette belle leçon, j'ai envie d'être attachée par lui, et je lui fais part de ce désir. Il n'hésite pas longtemps, je crois qu'il en a envie autant que moi, car il y a de la magie dans l'air ce soir....
    La corde est sensuelle et joueuse dans le silence de la nuit, et nos souffles se mêlent tandis qu'elle s'enroule autour de moi... Il refait les gestes qu'il a montré en cours, bloquant ma tête dans son coude, avec une légère pression sur ma jugulaire.... Il sait que sans aller à l'étranglement (un fantasme que je n'ai absolument pas), j'aime la sensation d'être fragile et complètement à sa merci, violon toujours bien accordé dont il joue à son gré. Nos mains s'effleurent et se caressent tandis qu'il m'attache, marques de complicité silencieuse et douce... Le TK contraignant m'oblige à rester à demi suspendue sur la pointe des pieds, mais l'inconfort même de la position me met quasiment au bord de l'orgasme... Et je frémis de la tête aux pieds quand il me dit que s'il n'était pas si tard, il me bastonnerait bien les pieds avec le bambou.... Mes pieds sont très sensibles mais c'est une douleur exquise que j'apprécie... Par égard pour le sommeil des voisins, il renonce... Il fait durer le plaisir en fumant une cigarette et en buvant un verre d'eau fraîche dont il me détaille les délices... Il sait bien que j'ai soif et m'en sers un également dont je ne peux évidemment pas profiter, toute attachée que je suis toujours à mon bambou... "Sadique" devient un mot doux sur mes lèvres tandis qu'il rit, très fier de lui. Il défait la suspension mais pas le TK, puis enroule la corde ainsi récupérée autour de mon cou, exerçant une légère pression sur ma trachée,  retourne s'asseoir et me dit de prendre 3 minutes, pas plus, pour ressentir les effets de cette nouvelle expérience....En effet, je me rends compte que le sang me monte un peu à la tête et que sans être asphyxiée, je ne peux respirer à pleins poumons non plus. C'est étrange et nouveau, mais pas désagréable, bien au contraire et ma confiance en lui est toujours si entière que je ne risque pas de paniquer.... Après ces quelques minutes, il m'ordonne de me mettre à genoux et de ramper vers lui. Il me faut quelques secondes pour enregistrer l'ordre mais je me laisse couler à plat ventre et m'exécute, tant bien que mal.... Quand je baisse les mains dans mon dos, la corde se serre très légèrement autour de mon cou, et je fais vite attention de ne pas provoquer cela plus que nécessaire. J'aime me sentir à ce point sienne, et j'aime ce nouveau jeu, aussi jouissif pour l'un que pour l'autre. J'arrive à ses pieds, que je baise respectueusement. Je sais qu'une fois de plus, j'ai relevé le défi imposé, sans hésiter et que cela lui plaît. Il me dit de me remettre à genoux, puis de boire, ajoutant que puisque je ne peux pas saisir le verre, je peux laper. Cela me fait rire, c'est d'ailleurs curieux que pour moi cela reste toujours un jeu, et non pas une humiliation, sans doute parce que je n'ai pas le sentiment que c'est ce qu'il recherche. Il faut dire qu'il n'est pas facile de me faire honte, il le sait bien.... Je lape quelques lampées d'eau fraîche au verre bien rempli, puis parviens à le saisir avec ma bouche et à le renverser légèrement pour boire encore. J'ai bien en tête l'image de ma chatte persane faisant de même, et je m'applique à offrir un tableau que j'espère joli....Je ne le regarde pas, mais je n'ai pas de peine à deviner son sourire dans mon dos.... Il entreprend de me détacher, serrant encore la corde sur mon cou et me caressant avec, tandis que je m'abandonne contre lui....
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Il est deux heures du matin, et je m'endors, souriante et détendue... Quand le réveil sonnera, quelques trop courtes heures plus tard, il est 5h et Paris s'éveille en même temps que moi... Je me fais discrète pour ne pas le réveiller et m'en vais, un peu fatiguée, mais pleine d'une énergie positive tout de même, rembobinant le film de cette belle séance, dialogues compris....


Se souvenir des belles choses, et d'elles uniquement....

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